Mon père pêche pour les générations futures

Plongez au coeur des océans et découvrez comment mettre fin à la surpêche

J'aime la mer. J'aime son côté sauvage et son immensité. J'aime ses différentes facettes : agitée et orageuse, ou calme et tranquille.

Sur cette photo, c'est moi et mon père. Il passe sa vie en mer parce qu'il est pêcheur : il aime la mer encore plus que moi.

Et vous avez commencé à réfléchir à des solutions pour des océans plus durables...

À présent, il est temps de me rejoindre et d'embarquer avec mon père pour une nouvelle aventure. Nous allons plonger ensemble au coeur des océans pour comprendre pourquoi nous en avons tant besoin, comment les océans évoluent et ce que nous pouvons tous faire pour les préserver.

Pourquoi avons-nous besoin des océans ?

Les océans recouvrent plus de 70% de la surface de la terre...

...et fournissent la moitié de l'oxygène que l'on respire !

Sans des océans en bonne santé, il n'y a pas de vie possible. Sans planète bleue, il n'y a pas de planète verte ou de planète Terre.

L'océan est vaste

L'océan est si vaste qu'une large partie reste encore inexplorée. Les scientifiques ne savent pas exactement combien d'espèces de plantes et d'animaux vivent dans les océans, mais certains estiment que 91% des espèces restent encore à découvrir !

Tout le monde est cependant d'accord pour dire que les océans abritent une incroyable diversité de plantes et d'animaux.

Des récifs coralliens aux mers polaires, les océans regorgent de vie et de biodiversité.

Cette vie est essentielle à la vie humaine. dans le monde, plus d'un milliard de personnes dépendent du poisson comme source principale de protéine, et 1 personne sur 10 dépend de la pêche comme moyen de subsistance.

Nous dépendons tellement des ressources marines que le poisson est la denrée la plus échangée et commercialisée dans le monde, bien plus que le thé, le café, les bananes et le sucre.

Les océans en danger

Malgré leur importance, les océans font face à de nombreux enjeux et défis parmi lesquels la surpêche, la pêche illégale et les pratiques de pêche destructrices.

Ces enjeux ont de graves répercussions sur les océans, menaçant les stocks de poissons, et les vies et communautés qui en dépendent.


Il peut être difficile de concevoir à quel point la pêche est vitale pour nous. Pour vous aider à mieux l'appréhender, vous pouvez découvrir la carte interactive disponible en ligne de l'organisation Global Fishing Watch. Cette carte est réalisée grâce à des technologies de pointe qui suivent les grands bateaux de pêche partout dans le monde. Cette carte ne montre pas l'ensemble des pratiques des pêcheurs. Par exemple, dans les pays en développement, la pêche à pieds dans les eaux peu profondes ou la pêche à bord de petites embarcations sont des techniques ou bateaux trop petits pour être géolocalisés.

  1. Visitez le site http://globalfishingwatch.org/map/
  2. Cliquez sur le bouton "lecture" en bas à gauche de l'écran pour découvrir qui pêche, où et quand (les points bleus). Vous pouvez changer les dates, zoomer ou reculer, et parcourir le monde pour en savoir plus.
  3. Zoomez sur un endroit sur la côte où vous êtes peut-être déjà allé en France ou à l'étranger. Quel est l'effort de pêche à cet endroit et la pression sur les ressources (le nombre de points bleus sur une certaine période de temps) en comparaison avec l'Arctique ? La pression est-elle plus forte ou plus basse ? Pour quelles raisons ?

Quelles sont les causes du déclin des stocks de poissons ?

1. La surpêche

Pendant des milliers d'années, la pêche était mesurée et équilibrée : les pêcheurs ne capturaient que ce dont ils avaient besoin pour vivre ou pour faire des échanges commerciaux.

Cependant, la consommation mondiale a augmenté ce qui a entraîné un accroissement de l'effort de pêche et donc un déclin des stocks.

La pêche en elle-même n'est pas un problème puisque de nombreuses pêcheries sont durables et responsables. Toutefois, sans une bonne gestion, la pêche peut être destructrice.

Lorsqu’une espèce de poisson est trop pêchée, en général une espèce que l’on consomme beaucoup, les poissons ne peuvent plus se reproduire à des niveaux durables et la population, aussi appelée stock, commence à décliner. C’est ce qu’on appelle la surpêche.

De nos jours, un tiers des stocks de poissons sont surpêchés dans le monde.

Si rien n’est fait pour empêcher ce déclin et cette surexploitation, il y a un risque que certaines espèces disparaissent pour toujours. Ce serait alors une perte immense pour la planète et pour les communautés !

2. Prises accessoires

La surpêche n’est pas la seule cause de ce déclin. Les prises accessoires sont aussi une problématique très présente : les prises accessoires sont des poissons ou d’autres animaux qui sont capturés accidentellement par les navires de pêche alors qu’ils ne souhaitaient pas les pêcher, ou n’auraient pas dû. Les prises accessoires peuvent être des oiseaux marins, des tortues, des requins, des mammifères marins, ou d’autres animaux.

Les prises accessoires incluent aussi les poissons trop jeunes et trop petits pour être consommés, qui devraient être laissés à l’eau pour avoir le temps grandir.

3. Pêche illégale

La pêche illégale est également une menace pour les océans.

Qu'est-ce que cela signifie exactement ?

La pêche illégale se définit principalement comme :

  • Pêcher sans les autorisations adéquates
  • Déclarer aux autorités un nombre inférieur de captures par rapport au volume réel de poissons pêchés
  • Capturer des espèces pour lesquelles les pêcheurs ne sont pas autorisés à pêcher
  • Pêcher dans une zone interdite à la pêche ou dans laquelle le pêcheur n'a pas le droit d'aller pêcher
  • Pêcher en utilisant des filets ou des lignes qui sont interdits

Le parcours d’un poisson du bateau à votre assiette est très complexe et souvent peu connu. Potentiellement, nous mangeons tous du poisson pêché de manière illégale sans même nous en rendre compte.

La pêche illégale a lieu dans l’ombre, et c’est pour cela qu’il est encore plus difficile d’estimer ce qu’elle coûte aux océans et aux populations.

Certains scientifiques estiment que le poisson débarqué dans nos ports issu d’une pêche illégale équivaudrait à une valeur de plus de 20 milliards d'euros par an.

4. Pêche destructrice

Certaines zones et écosystèmes marins dans le monde doivent être protégés car les poissons s’y reproduisent et y vivent. Malheureusement, certaines techniques de pêche peuvent détruire ou abîmer ces habitats. Parmi les techniques de pêche les plus destructrices, on compte la pêche au poison comme le cyanure ou la pêche à l’explosif. Le cyanure est utilisé dans les récifs coralliens pour étourdir les poissons et ainsi les capturer plus facilement. Pour chaque poisson pêché avec cette technique, un mètre carré de récif corallien peut mourir.

La pêche à l’explosif implique d’installer sous l’eau des explosifs qui tuent les poissons. Ces derniers flottent à la surface et sont alors facilement récupérés dans les filets. Malheureusement, cette méthode peut détruire les écosystèmes sous-marins, parfois de manière irréversible. Dans certaines régions d’Asie du sud-est, la pêche à la dynamite a détruit de nombreux récifs coraliens.

Prenez connaissance des deux graphiques ci-dessous. Entre 1950 et 2016, qu’est-il arrivé à la production mondiale de poisson ? A-t-elle augmenté ou baissé ? De combien ? Et comment a évolué la part de stocks de poissons surpêchés, exploités à leur maximum ou sous-exploités ? A votre avis, pour quelles raisons ?

Comment pouvons-nous préserver les ressources ?

Pêche pour les générations futures

Je sais que mon père fait en sorte de ne pas surpêcher les espèces qu'il capture et qu'il prend soin de l'environnement marin. Mon père pêche de manière durable

Mais qu'est-ce que cela veut dire ?

Une pêche durable laisse assez de poissons dans l’océan, minimise ses impacts sur les habitats et la vie marine, et assure aux communautés qui dépendent de la pêche de continuer à en vivre.

Pour pratiquer une pêche durable, mon père et les autres pêcheurs doivent connaître le plus possible leurs captures et les écosystèmes où vivent les poissons qu’ils pêchent. Pour avoir plus de données et mieux comprendre comment les populations de la biodiversité marine évoluent au cours du temps, les pêcheurs travaillent avec des scientifiques. Ils étudient donc les naissances, les décès et les migrations dans et hors d’une pêcherie donnée. Ils utilisent ces informations pour calculer le « Rendement Maximum Durable » (RMD), c’est-à-dire le nombre maximum de poissons qu’ils peuvent capturer sans surpêcher.

Le RMD est un calcul compliqué ! Cliquez sur l'image pour avoir une brève description du RMD.

La pêcherie de mon père utilise ces données et ce calcul pour capturer l’exacte quantité de harengs nécessaire. Même s’il y a de nombreux harengs dans les eaux poissonneuses où il pêche, mon père ne veut pas en pêcher trop pour continuer à pêcher ce petit poisson argenté encore longtemps.

C’est en partie pour cette raison que son poste de commande ressemble à celui d’un vaisseau spatial ! Tous ses écrans de surveillance, ses panneaux et gadgets lui permettent de capturer le bon poisson (celui qui est ciblé) et la juste quantité. C’est aussi pour cela qu’il a des filets spéciaux qui laissent s’échapper les poissons en trop à travers de larges panneaux à mailles carrées.

Si vous avez des lunettes de réalité virtuelle*, vous pouvez les mettre et explorer le bateau de pêche de mon père. Vous pourrez alors explorer la salle de commande, les filets spéciaux, les ponts inférieurs, et observer la débarque du hareng sur le quai quand le bateau revient au port !

*Si vous n’avez pas de lunettes de réalité virtuelle, ce n’est pas grave : vous pouvez toujours découvrir le bateau de pêche en regardant la vidéo et les photos ci-dessous sur votre téléphone ou ordinateur.

Une immersion 360° en réalité virtuelle sur le bateau de pêche de mon père

Vous avez appris comment mon père pêche, désormais vous allez découvrir il pêche pour capturer son poisson. Pour le découvrir, vous pouvez utiliser la carte de Global Fishing Watch à nouveau.

  1. Tout comme dans l'exercice n°1, rendez-vous sur http://globalfishingwatch.org/map/
  2. Cliquez sur le menu des bateaux de pêche ("Vessels") en haut à droite de l'écran, inscrivez-vous et écrivez dans la barre de recherche "Immac". Le nom du bateau de mon père est "Immaculée", vous pouvez cliquer sur "F/V G IMMACULEE". Les traits roses montrent tout le parcours du bateau de pêche de mon père et où il a pêché depuis 2012 jusqu'à la semaine dernière.
  3. En 2018, il a fait un voyage plus long, loin des zones où il pêche habituellement. Utilise la carte pour découvrir où il est allé, décris son voyage en quelques phrases. Il est allé jusqu'à la côte d'un pays, lequel et dans quelle direction principalement a-t-il navigué ? En utilisant ce que tu as appris dans la vidéo, pourquoi penses-tu qu'il est allé là-bas ?

Préserver les océans

La pêcherie de mon père capture du hareng de la même manière depuis plusieurs générations. Les harengs ne nagent pas dans les eaux profondes donc les filets utilisés pour les pêcher ont très peu d'impacts sur les écosystèmes marins. Les harengs nagent dans ce qu'on appelle la "colonne d'eau", ce sont des poissons pélagiques, donc ils sont pêchés avec un chalut pélagique. De plus, les harengs nagent ensemble en bancs très denses, il y a donc très peu de prises accessoires.

Mais chaque espèce et chaque pêcherie est différente : de nombreuses pêcheries ont besoin d’améliorations différentes pour devenir durables. Découvrons ensemble quelques mesures qui peuvent être prises et améliorations qui peuvent être réalisées par les pêcheurs :

1. Les Aires Marines Protégées (AMP)

Les AMP sont des zones dans les océans où les activités comme la pêche ou d’autres activités humaines sont restreintes ou interdites. On peut appeler les AMP des réserves marines ou des zones de conservation marine. On peut les assimiler à des parcs protégés ou réserves naturelles.

Dans une AMP, la pêche est soit restreinte soit totalement interdite. Après quelques années suite à la mise en place de l’AMP, il y a davantage de poissons dans la zone de l’AMP et ils commencent à nager au-delà des frontières de l’AMP, là où les pêcheurs peuvent les capturer.

Dans le monde, il existe plus de 14000 Aires Marines Protégées. Les scientifiques ont établi que les AMP étaient bénéfiques à la fois pour les communautés et la nature : les stocks de poissons sont en meilleure santé et les poissons sont plus grands.

Cependant, de nombreuses AMP ne protègent pas forcément concrètement les habitats sur le terrain car elles n’ont ni les financements ni les gestionnaires dont elles ont besoin pour bien fonctionner. Ces AMP fictives sont alors surnommées des « parcs de papier ».

Malgré ces problématiques, les AMP peuvent être une manière efficace de préserver les ressources en poisson dans le futur.

La meilleure manière d'en apprendre plus sur les AMP est de visiter le site web de l'Agence Française pour la Biodiversité, vous pourrez y explorer de nombreuses cartes et données sur les AMP.

  1. Rendez-vous sur http://www.aires-marines.fr/Les-aires-marines-protegees
  2. Où est la plus grande AMP du monde et quelle est sa taille ? Comment les AMP sont-elles gérées et mises en place ?
  3. Qu'est-ce que la "Liste verte" de l'UICN et pourquoi pensez-vous qu'elle peut être importante ?

2. Mettre fin aux prises accessoires

Partout dans le monde, les pêcheries comme celles de mon père innovent pour lutter contre les prises accessoires. En Ecosse, les pêcheurs ont introduit des méthodes et techniques de pêche innovantes qui ont réduit les prises accessoires de cabillaud de 60% dans la pêcherie d’églefin. Dans l’ouest de l’Australie, la pêcherie de langoustes a également mis en place des mesures pour mettre fin aux captures accessoires d’otaries. En effet, les otaries se retrouvaient auparavant piégées dans les casiers des langoustes mais les pêcheurs ont mis en place des casiers avec des dispositifs d’exclusion, permettant ainsi de protéger les otaries.  

Découvrez comment les pêcheurs en Antarctique luttent contre les prises accessoires d'oiseaux marins

3. Lutter contre la pêche illégale

Si vous croyez que les pirates qui dérobent illégalement les océans ont disparu, vous vous trompez ! Pendant de nombreuses années, la légine australe a disparu des menus à cause du déclin du stock provoqué par des pêcheurs pirates. Mais six pêcheries de légine ont réussi à éliminer les pratiques de pêche illégale, non déclarée et non réglementée de l’océan Austral. Les stocks sont remontés et la légine est revenue dans les assiettes, une belle victoire contre la pêche illégale !

4. Le partage des prises

En 2001, la pêcherie autrefois abondante et multi-espèces de poissons de fond dans l’ouest des Etats-Unis s’est retrouvée au bord de l’effondrement. Les pêcheurs ont dû arrêter de pêcher. Ils ont alors trouvé un moyen de sauver leur pêcherie : le partage des prises.

Le partage des prises utilise le rendement maximum durable pour capturer le nombre exact de poissons nécessaire, le quota. Mais plutôt que de laisser chaque bateau pêcher autant qu’il peut jusqu’à ce que le quota soit atteint, la pêcherie donne à chaque bateau une portion des captures totales. Cela signifie que les pêcheurs peuvent pêcher leur part quand ils le souhaitent ou qu’ils peuvent céder leur part à d’autres pêcheurs s’ils ne peuvent pas pêcher eux-mêmes.

5. L'aquaculture

Le poisson peut être sauvage et pêché, mais il peut aussi être élevé dans une ferme aquacole. Cela permet de réduire la pression sur les ressources sauvages. De nos jours, la moitié du poisson que nous mangeons dans le monde provient de l’aquaculture.

L’élevage écoresponsable de poissons permet de préserver les moyens de subsistance des communautés et d’assurer aux populations une source d’alimentation durable et riche en nutriments et en protéines, surtout dans les pays en développement. Cependant, lorsque l’aquaculture n’est pas bien gérée, elle peut détruire l’environnement et la vie sauvage.

De nombreux poissons d’élevage se nourrissent d’autres poissons plus petits et c’est une autre grande problématique de l’aquaculture. Au lieu d’élever de nouveaux poissons, ce type d’aquaculture ne fait que convertir des petits poissons qui ont une faible valeur économique en poissons à haute valeur.. Les scientifiques souhaitent donc remplacer ces petits poissons qui nourrissent les poissons d’élevages par des alternatives comme les algues ou les insectes, mais ces solutions sont encore peu répandues.

En savoir plus sur l'aquaculture

6. Le label bleu du MSC

La pêche durable est un défi mondial et de nombreux pêcheurs ont désormais mis en place des actions pour y répondre. Même lorsque le poisson est pêché loin, au large, il finit par être dans nos assiettes, restaurants et supermarchés.

Nous sommes donc tous concernés par les enjeux de la surpêche. Alors comment savoir quels poissons sont issus d'une pêche durable dans nos magasins ? Comment reconnaître des produits de la mer que nous pouvons acheter, consommer, cuisiner ?

La pêcherie de mon père, comme des centaines d'autres dans le monde, est certifiée durable par le MSC (Marine Stewardship Council, ou "Conseil de bonne gestion de la mer").

Le MSC est une organisation non gouvernementale (ONG) indépendante qui a établi des critères pour une pêche durable. Ces critères sont réunis dans un cahier des charges pour vérifier si la pêcherie capture du poisson sans mettre à mal les ressources et les stocks, la biodiversité marine et les habitats. Une fois que tous ces critères sont remplis, les poissons et les produits de la mer obtiennent le label bleu du MSC.

En petits groupes ou seul.e, choisissez une des solutions pour mettre fin à la surpêche que vous avez appris ci-dessus et créez une infographie ou un schéma pour expliquer cette solution au reste de la classe.

Les liens internet à la fin des paragraphes de chaque solution sont un excellent point de départ pour vos recherches, mais vous pouvez aussi trouver davantage d'informations à la bibliothèque ou sur internet :

Que pouvons-nous faire tous ensemble pour des océans durables ?